Rencontre avec Barbara Coignet, Fondatrice de 1.618

Rencontre avec Barbara Coignet, Fondatrice de 1.618
Barbara Coignet partage avec Olistic sa vision du nouveau luxe responsable

Barbara Coignet, fondatrice de l’agence du luxe durable 1.618 revient pour Olistic sur son engagement et son parcours de femme entrepreneure.

Elle est la fondatrice de 1.618. , une agence créative exigeante rassemble depuis 2009 des marques éthiques engagées pour un luxe nouveau. Pour Barbara, beauté rime avec durabilité et l’innovation révèle l’émotion. Olistic the Label a rejoint la communauté 1.618 en janvier dernier, l’occasion de revenir sur les engagements et le parcours de Barbara.

Barbara Coignet, entrepreneure pionnière du luxe durable et fondatrice de 1.618 portant la chemise Cygnus

Peux-tu nous dévoiler en quoi consiste 1.618 ?

1.618 est une agence qui participe à l’essor et à la reconnaissance des marques créatives éthiques et inspirées. Je suis intimement convaincue que les créatifs ont un rôle sociétal incroyable. Aux fondements de 1.618 se trouve cette envie de défendre de jeunes histoires face aux acteurs traditionnels du luxe. 1.618 c’est une manière de ramener de la logique dans le monde du luxe. J’ai trop longtemps perçu la dichotomie entre le commercial et la communication, obnubilée par des produits images sans réalité commerciale.  Grâce à 1.618, les acteurs du luxe durable acquièrent la visibilité qu’ils méritent, car nous les mettons à l’honneur auprès de leur clientèle, du public, mais aussi des investisseurs ou des acheteurs de grands magasins. Nous sommes en quelque sorte des agents de marque, liés par une même passion, par nos engagements éthiques et notre transparence.

Comment est née cette idée de rassembler des acteurs du luxe durable aux territoires si variés ? Combien de marques sont aujourd’hui membres 1.618 ?

J’ai d’abord été fascinée par la mode, celles des créateurs, du geste et de l’œil aguerri à la matière. Devant cela je me sens toujours, comme en lévitation. Ce geste, cette intention, rencontre ensuite l’esprit. Cela se retrouve également dans le design. Il est pour moi essentiel de faire éclore ces histoires et de les raconter, ce que les rédactrices ont de moins en moins l’occasion, mais aussi l’envie, de faire. La presse étant en difficulté elle a sacrifié ces pages-là, ces récits incarnés, elle y a indéniablement perdu en qualité.

La communauté 1.618 dès le début touchait à l’art de vivre, la mode bien sûr, mais également l’hôtellerie, la beauté, la mobilité… nous explorons aujourd’hui 8 territoires. Nos membres font tous des efforts pour avancer avec bon sens vers le meilleur, des marques comme Nout, première maison de parfum à rejoindre notre communauté, font preuve d’innovation pour créer des parfums envoûtants qui soient bons pour la peau et pour l’environnement. Même lorsqu’il est question de marchés de niche cela permet de rediriger l’attention vers ces efforts et d’inspirer des groupes et des marques établies sur le secteur. À ce jour, nous avons reconnu 300 marques et fait l’expérience de seulement 2 déconvenues.

Ce que nous cherchons à définir c’est tout simplement si, à notre époque, une marque s’approche ou non des exigences que l’on peut avoir pour un avenir intelligent.

Tu as créé 1.618 il y a plus de 10 ans (2009), une démarche de précurseur ?

Je suis une entrepreneuse dans l’âme, j’ai ce besoin spontané de creuser une intuition. Dès mon enfance j’ai été guidée par cette envie de courir après mes rêves, de faire ce que je voulais en m’en donnant les moyens. J’ai co-créé ma première entreprise alors que j’étais encore étudiante. Je suis à l’aise dans l’ombre, j’aime révéler les autres, d’attachée de presse à 1.618 c’est toujours le cas.

Quand j’ai été à la rencontre de mes clients passés, je me suis heurtée à la réalité et l’on m’a répondu « soit on sauve la planète, soit on est créatif » ; j’ai perçu un rejet total de la notion de durabilité par les marques de luxe. Mais mon envie première c’est d’abord une recherche personnelle, une aspiration assez égoïste plus qu’une mission. Mon constat initial c’est de dire : moi, Barbara, j’aimerai vivre dans un monde où la beauté est présente et créative, mais pas au détriment de l’environnement. J’ai beaucoup étudié cela, collaboré avec des sociologues. L’écoresponsabilité est intuitivement perçue comme contraire à la désirabilité, à la frivolité, mais aussi à la légèreté. Elle est considérée anxiogène, car liée à des enjeux environnementaux dont le poids est écrasant, l’opposé de ce que célèbre conventionnellement la mode ou le luxe.

L’agence 1.618, lieu de convergence d’un art de vivre plus conscient

Comment s’assurer de la sincérité des engagements durables des marques ? 1.618 est — elle devenue une certification à part entière ?

Le luxe de demain c’est l’intelligence du propos de faire autrement, de convaincre par un éclairage nouveau, mais de d’abord séduire par sa désirabilité.

Les marques membres sont avant tout créatives et esthétiques puis vient l’engagement qui donne du sens à cette beauté. Dès nos débuts nous avons mis en place un comité d’experts en développement durable, ces professionnels aguerris nous accompagnent toujours, comme Camille Rojot, experte en sourcing responsable et co-fondatrice d’Origem ou Elisabeth Laville, fondatrice d’Utopies et experte en stratégie de développement durable. J’ai tout de suite perçu que le sujet était trop vaste et trop sérieux pour prétendre le maîtriser, il faut savoir faire preuve d’humilité.

Nous ne sommes pas une certification, mais nous vérifions que les histoires que nous content les marques soient vraies, nous lisons entre les lignes et nos exigences se sont resserrées avec les années. Nous avons développé plusieurs questionnaires avec des spécificités par domaine. Actions concrètes et engagement socio-environnementaux sont mis en perspective avec 8 critères de sélection du sourcing, au packaging en passant par l’innovation. C’est nécessaire, car tout le monde se positionne sur le sujet de la durabilité et je constate des dérives effrayantes, le greenwashing est à son comble ! Notre approche est exigeante, mais aussi humaine, nous ne sommes pas là pour juger et nous encourageons les marques qui souhaitent parfaire leur démarche. Nous sommes donc dans un temps long, dans la discussion.

Rejoindre 1.618 c’est un gage de reconnaissance doublé d’un vrai soutien, si tu pouvais t’aider à ton tour en revenant quelques années en arrière, quel conseil te donnerais-tu ?

Les difficultés que j’ai pu rencontrer à mes débuts n’ont malheureusement pas beaucoup évoluées. Nous nous adressons à des personnes de l’Ancien Monde qui occupent des fonctions essentielles, elles sont ancrées dans leurs réflexes, se rassurent en maintenant leurs habitudes. Je ne changerais pas le fond, mais peut-être ma façon de faire. Être plus entourée, et moins candide, j’ai la volonté de bouger des montagnes, mais j’ai été plus en avance que je ne le pensais. Tout le monde a beau répéter qu’être pionnier est un avantage, on est surtout terriblement seul. J’ai fait confiance à mes intuitions, peut-être faut-il aussi apprendre à observer, à attendre, cela aurait été moins déceptif et m’aurait moins coûté personnellement et financièrement. Le luxe durable n’est pas une évidence pour tous, pour en prouver la raison d’être j’ai voulu rapidement marquer les esprits.

Quelle pièce mode de ton vestiaire a ta préférence ?

Je suis une inconditionnelle des chemises masculines retravaillées et des vestes. J’aime les vestiaires plutôt masculins, confortables qui ont le souci du détail, mais surtout les pièces classiques en apparence qui ne le sont finalement pas vraiment.

Comment s’est déroulée ta rencontre avec Olistic the Label ?

C’était il y a trois ans. À de multiples occasions, des personnes différentes dont je respecte l’opinion m’ont suggéré de regarder de plus près ses collections de prêt-à-porter de luxe écoresponsable. Ce que j’ai instantanément remarqué, ce sont les finitions élégantes qui flirtent avec la couture.

Instants de complicité entre Camille Jaillant, fondatrice d’Olistic the Label et Barbara Coignet

Pourquoi as-tu choisi cette chemise Cygnus ? Que t’inspire le vestiaire Olistic ?

J’aime les gestes couture, les découpes soignées et la modernité évidente de ce haut. Je suis attirée par la construction d’un vêtement, l’approche minimaliste d’Olistic me parle beaucoup pour cela. J’apprécie les matières naturelles transformées à la perfection qui sont pleinement en ligne avec la philosophie 1.618, on remarque d’abord une superbe robe, un style puis on remarque cette laine artisanale, les finitions et détails travaillés avec soin . C’est la démonstration par l’exemple qu’il est possible de créer de belles pièces porteuses de sens.

Quel est le rituel slow que tu t’accordes pour te reconnecter à toi ?

J’ai une grande capacité d’émerveillement, celle d’un enfant. Je me laisse constamment émouvoir par l’environnement et surtout par la forêt à laquelle j’ai un attachement fort. J’ai grandi à Milly-la-Forêt et je vis à l’extérieur de Paris de façon à m’y rendre rapidement tout en conservant un ancrage à la nature. C’est primordial de m’échapper, dans la nature ou grâce aux voyages, voir le monde recèle d’une force de régénération fantastique.

La force de 1.618 c’est aussi sa communauté, comment ces rencontres se passent elles ?

1.618 c’est aussi la communauté que nos équipes et celles des marques membres constituent, un réseau influent, engagé et bienveillant. Nous rassemblons des entreprises françaises, des marques éthiques internationales et toutes ne sont pas au même stade de leur développement, c’est une richesse pour chacune de partager leurs retours d’expérience, leurs interrogations…

Lors de nos salons, tous ces acteurs du luxe durable se quittaient à regret et prolongeaient ces rencontres par des collaborations et des projets communs, comme l’ont fait JEM et Olistic le temps d’un événement réunissant leurs collections et communautés. Nous avons  à notre tour étendu ces échanges avec les évènements Between Us. Ces liens font sens, car toutes les marques membres ont une vision commune, se savent sincères, cela les rassure beaucoup. Ces rencontres sont aujourd’hui digitales, mais il nous tarde de nous rassembler à nouveau. Ces marques sont d’ailleurs mutuellement leurs meilleures ambassadrices.

Marketplace, évènements et publications : 1.618 diffuse sa vision du nouveau luxe de manières multiples

Comment imagines-tu la suite pour 1.618 ?

Nous avons lancé la marketplace 1.618 pour que cette communauté de marques s’incarne de façon commerciale, car le pouvoir de transformation passe par nos actes d’achat à tous. Nous souhaitons être une marque média pour présenter au public des alternatives grâce à une autre forme de langage. C’est une manière pour 1.618 de prolonger la prise de parole de nos marques membres et de combattre le greenwashing. Nous allons mettre les histoires des marques 1.618 à l’honneur au sein de notre guide à venir, nous l’avons pensé comme un véritable écrin narratif pour la communauté. Nous avons de belles choses à dévoiler par les mots, écrits, mais aussi racontés, nous travaillons en ce moment sur un format podcast.

Quelle femme souhaites-tu lire dans ce journal ?

Alice Audouin sans aucun doute. Alice est membre de notre comité d’experts et est aussi la fondatrice d’une agence de conseil. Elle est surtout à l’initiative de Art of Change 21 qui permet d’établir une passerelle entre l’art et les grands enjeux environnementaux en faisant des artistes les accélérateurs de la transition écologique.

Merci à Barbara Coignet pour ses réponses et pour nous avoir reçus à l’agence 1.618.

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